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Retrouvailles avec les falaises de Horn Head, dans le Donegal

Falaises de Horn Head, Donegal, Irlande

Dans cet article, j’ai envie de partager avec vous mes retrouvailles avec les impressionantes falaises de Horn Head, dans le comté du Donegal, tout au Nord de l’île d’Irlande. Horn Head, c’est en réalité une péninsule sauvage sur laquelle on croise quelques moutons flippés en liberté dans les tourbières, quelques ruines aussi, mais où on se sent surtout tout petit et vulnérable face à la beauté de la nature exposée qui nous entoure. Un bout de terre que j’avais exploré à pied il y a plus de vingt ans et sur lequel je n’étais jamais revenue jusqu’à ce jour de printemps 2025. Si vous avez des envies de grands espaces et d’Océan Atlantique, de frissons aussi un peu, grimpez dans le sac à dos, je vous emmène avec moi dans les lignes qui suivent !

Péninsule de Horn Head Irlande

Contexte pour cette vadrouille dans le Donegal

Nous étions aux premiers jours d’avril et je m’étais aménagé en dernière minute quelques jours dans le Nord du comté du Donegal. Prévisions météo au beau fixe comme déclencheur de cette vadrouille dans le tout Nord-Ouest de l’île, la seule chose que j’avais prévue, c’était une petite grimpette en haut de Mont Errigal en début de séjour, pour me dégourdir les jambes et profiter de la jolie vue au sommet du point culminant du Donegal. Pour le reste, je me laisserais aller au gré des envies et des rencontres, en privilégiant le temps à prendre plutôt que les kilomètres à avaler, comme à mon habitude. Une chose me trottait dans la tête cependant : et si j’essayais enfin de retrouver ces impressionantes falaises de la côte Nord Donegal qui m’avaient tant marquée lorsque je les avais découvertes en cette journée humide de mai, il y a plus de 20 ans ?

Le souvenir marquant de falaises non localisées sur la côte Nord du Donegal

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent littéralement pas connaître. Celui où nous n’avions pas d’ordinateur dans nos poches, nous permettant d’avoir immédiatement réponse à tout, tout le temps, celui où l’information n’était pas disponible pour préparer militairement un itinéraire à suivre jalonné d’incontournables dont nous ignorions le plus souvent l’existence, celui où la découverte se faisait autrement que sur les réseaux sociaux, celui où on passait souvent à côté d’endroits fabuleux sans même le savoir. C’est à cette époque, au tout début des années 2000, que j’ai découvert pour la première fois ce recoin du comté du Donegal. Quelques jours d’un road trip paradisiaque entre quatre copains que j’avais évoqué dans cet article.

Vue sur péninsule de Horn Head, Irlande

Dans mes souvenirs, lors de ce séjour, nous avions passé une petite demie-journée à randonner en haut de falaises très hautes, très sauvages, à nous frayer un chemin à travers les fougères qui nous arrivaient jusqu’à la taille ou dans les tourbières humides. Je me souviens que nous avions garé la voiture loin, trop loin, sur une route en contrebas. Je me souviens que nous avions marché longtemps sur cette route qui montait et se terminait sur ces falaises sauvages avant de pouvoir y débuter la randonnée. Je me souviens que l’amie qui avait préparé le séjour et cette balade dont elle avait trouvé l’existence vaguement évoquée sur un guide papier (lequel ?), nous avait dit une fois en chemin qu’elle s’était probablement garée trop loin par rapport au point de départ de la randonnée. Tant pis, nous étions déjà en marche.

Si j’ai gardé dans ma mémoire des images nettes de ces paysages, les premiers paysages grandioses que l’Irlande m’offrait en réalité, les premières falaises irlandaises aussi, mes souvenirs matériels de cette excursion, eux, sont très maigres. Quelques photos en argentique bien rangées depuis cette époque dans un album photo, mais dans les anotations, aucun nom, aucun lieu de cette journée. Jeune et insouciante, je m’étais totalement laissée porter durant ce road trip et avais suivi naïvement la copine organisatrice, sans jamais chercher à savoir où nous étions, où nous allions, ni sur une carte, ni par un nom de localité. Et la géolocalisation n’existait pas, les panneaux informatifs à destination des très rares touristes non plus ! 😉

Ce que je sais, c’est que ces falaises du Donegal plannent depuis dans mes souvenirs de jeunesse, fantasmées, comme irréelles, comme existantes dans un monde imaginaire fait de découvertes, d’insouciance, de premières fois, de vacances entre jeunes. Lointains souvenirs sans doute bonifiés par le temps. Mais qu’il est justement dangereux de vouloir revivre sous faute de les gâcher, car le temps laisse ses traces pas seulement sur les sillons de mon visage, mais aussi sur le monde qui m’entoure, sur les endroits où je suis passée, que j’ai aimés et où j’y ai vécu l’intensité liée à un moment. Qui ne peut donc être vécu de la même manière une seconde fois.

Falaises de quartzite irlande

D’ailleurs, je suis depuis retournée me balader quelques fois dans cette partie du Donegal, sans jamais chercher à revoir ces falaises. Mais voilà, cette fois-ci, une fois sur place dans le Donegal, j’ai eu envie de les retrouver, je ne sais pas trop pourquoi. Heureusement, nous vivons aujourd’hui dans un monde bien moderne, et grâce au petit ordinateur portable qui se trouve dans ma poche, avec un peu de recherche ciblée, il m’a semblé trouver quelque chose qui, sur le petit écran de mon smartphone, semblait se rapprocher de mes souvenirs ! C’était décidé, j’irais voir si les falaises de mon souvenir étaient bien celles que mes recherches avaient ciblées !

Les falaises de Horn Head : des retrouvailles à la hauteur ?

Les falaises de Horn Head, c’est là où mes recherches virtuelles avaient mené ma voiture ce matin-là. Il faisait très beau, ciel bleu et soleil pointant au dessus de l’horizon quand j’arrive sur le parking désert vers 9h30. Un parking aménagé avec panneau informatif, l’un comme l’autre n’étaient certainement pas là lors de ma première visite. Deux sentiers nettement gravillonnés et identifiables pointant en direction opposée partent du parking. Eux non plus n’existaient pas il y a une vingtaine d’années. Je sens déjà poindre la déception d’un site sauvage dénaturé (je suis très exigente en la matière !) alors que je suis encore sur le parking et que je n’ai encore rien vu (et que je ne suis même pas certaine à ce stade d’être au bon endroit, celui de mes souvenirs). Aïe !

Je m’avance tout de même sur le sentier qui pointe en direction du « viewpoint 1« , parce qu’il faudrait être sacrément bête pour ne pas vouloir aller voir où il mène en considérant que la vue limitée du parking est déjà époustouflante ! Sans surprise, il mène encore à un « ouah ! » dont l’Irlande a le secret. Ciel bleu dégagé, eau bleue en contrebas, péninsule de Melmore et falaises déchiquetées en ricochet au loin jusqu’à l’horizon, vers le Nord-Est, le soleil dans les yeux. Ici, on n’est pas encore très haut au-dessus de l’océan et le point de vue aménagé ne mène pas non plus au bord des falaises.

Falaises du Donegal

Le sentier continue vers la gauche, plein Ouest, et n’est bientôt plus ni gravillonné, ni aménagé. Il zigzague et se répend à travers la bruyère et puis très vite, un paysage dégagé s’ouvre à moi, et les sentes continuent à travers la lande, la ligne de falaises sur ma droite. Jusqu’à présent, je ne suis pas encore bien sûre d’être sur un bout de terre que j’aurais déjà foulé par le passé. J’aperçois un troupeau d’une dizaine de boules laineuses au loin, dans la direction vers laquelle je me dirige. Je suis encore à plus de 200 mètres d’eux que déjà ils m’ont repérée et fuient en direction opposée, plein Sud. Je traverse la tourbière encore quelques minutes pour remonter et me rapprocher de la ligne des falaises et alors que j’arrive sur une butte, là, c’est une évidence ! Mon souvenir est devant mes yeux ! Des falaises de quartzite à la verticale, au loin des ruines en pierre… je reconnais immédiatement ! Rien a changé, c’est toujours à couper le souffle, c’est toujours aussi vertigineux (ces falaises mesurent près de 200 mètres de haut, comme celles de Moher) ! Et toujours aussi dangereux aussi. Aucun parapet ni muret évidemment, laissé à l’état sauvage, pas de sente, rien. Il serait tentant de vouloir se rapprocher du vide pour voir, pour une photo, et tout aussi facile d’y trébucher, d’y glisser dans le vide. Frisson d’une idée qui restera omniprésente pour me garder en sécurité jusqu’à ce que je revienne à la voiture. Mes pas et la peur me font m’éloigner du bord des falaises tout en continuant à me diriger vers les ruines en pierre. Leur contour se dessinant plus concrètement à mesure que je me rapproche, elles aussi je les reconnais : elles étaient déjà tout autant photogéniques il y a plus de deux décennies, et je sais qu’elles occupent quelques emplacements dans mon album photo argentique de l’époque. Si à l’époque je n’avais aucune idée de leur nature, je sais aujourd’hui qu’il s’agit en fait d’une ancienne tour napoléonnienne, une parmi les nombreuses qui jalonnent les côtes irlandaises.

  • Ruines Horn Head Donegal Irlande
  • Falaises Donegal Irlande
  • Moutons sur péninsule de Horn Head Donegal Irlande

Je continue la randonnée, même si évidemment il n’y a aucun balisage. Il suffit simplement de suivre le dessin naturel de la géographie qui m’entoure et de longer ces falaises qui ne cessent tour à tour de m’émerveiller, de m’époustoufler, de m’émouvoir et de m’effrayer. A cette saison, pas d’oiseau à nicher sur ces falaises verticales composées de strates de quartz superposées telles une pâte feuilletée, mais elles sont un habitat naturel idéal pour macareux, guillemots et autres espèces d’oiseaux marins communes en Irlande.

Passé les ruines, mes pieds continuent de suivre ces falaises du Donegal et à partir de là, je n’aurai plus de sensation de déjà-vu. Il est possible qu’il y a plus de deux décennies, avec mes copains, nous ayons fait demi-tour après la tour napoléonnienne, mais il me semble pourtant que nous avions réalisé une boucle. Peut-être est-ce simplement que la vue était bouchée, car la météo était humide ce jour-là, alternant entre crachin et pluie fine, ça, je m’en souviens bien (nous étions revenus trempés à la voiture !).

Ce n’est vraiment pas le cas en ce matin d’avril, je suis chanceuse, et je me régale de tout ce que je découvre ! La silhouète familière de Tory Island se devine même au loin vers l’horizon ! De la tour napoléonienne, je continue le long des falaises jusqu’à un autre appendice de terre, à peine deux mètres de largeur à sa base et qui s’avance vers l’océan, falaises verticales de chaque côté, tel un isthme d’une vingtaine de mètres de long qui s’élèverait vers le ciel environs 200 mètres au-dessus de l’Océan Atlantique. Je m’y engage jusqu’à la moitié, mais la voie se rétrécissant à mesure que j’avance prudemment, ma petite voix me dit de faire demi-tour. Je m’exécute et reviens sur mes pas. Je recule un peu, et je reste là, pantoise, à un mètre du bord de ces murs de quartzite, contemplant devant moi ce tableau de maître, ces impressionnantes falaises verticales plongeant droit dans l’Atlantique ! Elles dégagent une telle force ! En irlandais, le nom original de ce bout de terre qu’est Horn Head signifie « la pointe de la falaise ». J’y suis. Une larme coule sur ma joue droite.

Falaises de Horn Head avec ruines, Donegal, Irlande

Je suis restée un moment sur cette extrêmité retranchée de Horn Head, à contempler, subjuguée, ces paysages côtiers du Donegal, à me sentir infiniment petite dans ce décor grandiose que m’offre l’Océan Atlantique ce matin-là.

En revenant par la côte Ouest de la péninsule, vue dégagée sur le collier de perles que sont les îles d’Inishbofin, Inishdooey et Inishbeg et les immenses plages de sable fin de Tramore et de Magheraroaty que je devine au loin, vers l’Ouest. Mes yeux n’en peuvent plus de toute cette beauté naturelle que leur paillette cette matinée ensoleillée sur les falaises de Horn Head ! Décidémment, cette côte Nord du Donegal me coupera toujours le souffle autant qu’elle me fera couler les larmes d’émotion !

Je reviens en direction du parking sans pour autant l’apercevoir, en m’éloignant des falaises, en recroisant les moutons, et me frayant un chemin à travers la tourbière pour atteindre une autre ruine, en béton celle-ci, perchée sur son promontoir. Il s’agit d’un ancien point d’observation datant de la seconde guerre mondiale. Effectivement, la vue y est imprenable.

De retour à la voiture un peu plus de deux heures après l’avoir quittée, j’ai encore des étoiles plein les yeux. Je me suis retrouvée dans mon souvenir, et c’était aussi intense que l’impression que ces falaises y avaient laissée vingt ans auparavant. Sauf que désormais, ces falaises du Donegal, je sais les situer, je sais les nommées : les falaises de Horn Head !

Bon à savoir

Une borne « Horn Head » a été intégrée à la route touristique du Wild Atlantic Way, mais elle se trouve le long de la route face aux falaises dont il est question ici. Le parking aménagé pour effectuer cette balade le long des falaises se trouve à environ 1 kilomètre de ce signe, à l’extrémité Nord d’une route qui s’y termine, à environ 5 kilomètres du village de Dunfanaghy, au lieu-dit Lagarteany.

Cette balade d’environ 3 kilomètres n’est pas balisée. Il convient d’avoir des notions d’orientation, boussole et carte pour s’y engager en toute sécurité.

Moutons face Océan Atlantique Irlande

La nature sauvage et exposée du terrain et de l’environnement invite à la prudence. Toujours consulter les prévisions météo avant de s’y engager, on peut vite arriver trop près des falaises sans s’en apercevoir par manque de visibilité. Les chiens y sont interdits, même en laisse.

Chaussures de randonnée impérméables indispensables pour le terrain marécageux de cette petite randonnée en haut de ces falaises du Donegal.


Ca m’a fait plaisir de me repencher sur cette excursion en bord des falaises de Horn Head dans le Donegal pour la partager ici, avec vous. J’ai retrouvé les émotions d’hier et d’antan pendant l’écriture. N’hésitez pas à partager cet article avec d’autres curieux d’Irlande et me dire ce que vous en avez pensé à la lecture dans les commentaires ci-dessous ! Davantage de photos et vidéos du Donegal et de ma chère Irlande sur le compte Instagram Raconte-moi l’Irlande en cliquant ici : n’hésitez pas à m’y suivre pour en découvrir toujours plus sur l’Irlande ! 🙂

Posted in Idées Voyage et week-ends en Irlande, récits
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2 Commentaires
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harmonie des corps
Invité
4 heures il y a

Elles sont impressionnantes ces falaises.

Skyrgámur
Skyrgámur
Invité
1 heure il y a

Superbes paysages.

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