Un article où il est sujet d’expatriation en Irlande, plus précisément à Cork, tout au Sud de l’île. L’expérience partagée de Guillaume, qui a vécu 5 ans à Cork, « la ville rebelle ».
C’est la première fois que je dresse le portrait d’un expatrié en Irlande. Guillaume m’avait contactée pour que je partage pour lui mon expérience d’apprentissage de l’anglais en Irlande. Et j’avais trouvé intéressant en échange de partager son témoignage à lui, d’expatriation à Cork, d’abord en tant qu’étudiant, puis en tant que jeune actif. Et puis, je trouvais aussi intéressant de partager l’expérience de ce que beaucoup de jeunes viennent vivre en Irlande, car l’Irlande est un pays qui attire encore beaucoup de jeunes Européens qui viennent y passer quelques années comme Guillaume. L’autre chose qui m’intéressait avec son témoignage, c’était de l’écouter nous parler de la ville de Cork. Moi-même, je n’y ai jamais vécu, et je la connais en tant que touriste uniquement. Alors Guillaume, c’est comment la vie à Cork quand on est jeune ?
Il nous parle aussi de comment son expérience irlandaise l’a complètement changé, et comment elle a inspiré l’activité professionnelle qu’il mène aujourd’hui… Toujours en rapport avec l’Irlande, un pays auquel il reste aujourd’hui profondément attaché.
Première fois en Irlande
Son premier séjour en Irlande, Guillaume s’en souvient bien. Il avait dix ans, et c’était pour des vacances en famille dans le Connemara. Il en garde encore de nombreux souvenirs : de grands lacs bien sûr, de beaux châteaux, l’abbaye de Kilemore qui l’avait beaucoup marqué, et son père qui était allé pêcher le saumon.
Aujourd’hui encore, il trouve que l’Irlande est une chouette destination pour les enfants, pour son côté très nature et sauvage, mais aussi pour ses gens, au premier contact vraiment adorable. Même dans ses souvenirs d’enfant, il en garde de très bons souvenirs.
Vie étudiante à Cork, avant de s’y installer
Il lui a ensuite fallu attendre d’être jeune adulte pour y retourner, en tant qu’étudiant cette fois-ci. C’était en 2012, pour un stage de Master en informatique.
C’est à Cork que Guillaume a atterri, pour cette expérience professionnelle dans le cadre de ses études. Son stage d’alors, c’est dans une école d’anglais (Cork English College) qu’il l’a effectué, un stage de quatre mois qu’il a adoré.
Quand je lui demande comment s’est passé sa compréhension de l’anglais à son arrivée à Cork, il avoue que c’a été un peu difficile. En effet, le premier Irlandais à qui il a parlé se trouvait être un chauffeur de taxi de Cork, et il m’a confié n’avoir quasiment rien compris ! Une expérience que nous avons en commun, ayant moi aussi eu un chauffeur de taxi de Cork comme première expérience conversationnelle à mon arrivée en Irlande… J’ai donc compati ! 😉
Quand il est arrivé en Irlande, son anglais était vraiment très scolaire : il était bon à l’écrit, connaissait ses verbes irréguliers par cœur. L’oral, par contre, c’était une autre paire de manches ! D’ailleurs, il se souvient bien de son premier jour de stage :
– Quand je suis arrivé à l’école d’anglais, je n’ai même pas réussi à me présenter, c’était un peu la honte !
Ensuite, sur son lieu de stage, il était obligé de parler anglais, politique de la maison. Donc il n’a pas eu le choix, et il a appris par lui-même, en immersion.
– Il faut juste s’habituer au début pour la compréhension, mais après c’est bon. C’était un peu plus compliqué avec les personnes âgées, surtout avec les plus vieux dans les pubs… Et selon le nombre de Beamish qu’ils avaient bues ! (rires)
Pendant son stage, Guillaume a vécu en colocation à Cork, la seule option en réalité selon lui, car les studios « coûtent une fortune » en Irlande. Partager un logement est donc souvent la meilleure option, si ce n’est la seule, quand on est étudiant avec des revenus limités.
Une colocation qui lui a aussi apporté de nouvelles amitiés, et qu’il partageait avec Irlandais, Français, Espagnols.
– C’était presque comme une petite famille.
Pour cette expérience de vie étudiante, Guillaume avait ensuite fait venir sa voiture de France. Rouler à gauche, au final, il s’y est très bien fait. Le plus embêtant étant pour les péages, de parkings ou de fast food à emporter par exemple, car il était assis du mauvais côté.
– En fait, le plus dur pour le côté conduite, ç’a été le retour en France, où j’ai pris les deux premiers ronds-points à l’envers !
Effectivement, il s’était bien habitué à la conduite à gauche pendant ces quatre mois ! 😉
A la fin de son stage, Guillaume a profité d’être sur place pour visiter davantage l’île pendant quelques semaines : West Cork, Killarney et son parc national dans le Kerry, les falaises de Moher, le Connemara, mais aussi l’Irlande du Nord avec la Chaussée des Géants ou encore le musée du Titanic à Belfast.
Puis, il était temps de retourner en France, via le ferry depuis Rosslare, port à environs 200 kilomètres à l’Est de Cork.
Ces quelques mois en tant qu’étudiant à Cork l’avaient beaucoup marqué, et il confie que cette expérience l’a aussi beaucoup changé d’un point de vue personnel.
Expatriation à Cork
S’expatrier pour de bon
Revenu en France après son stage irlandais, il restait à Guillaume une année d’étude à réaliser. Et un dernier stage. Mais l’Irlande lui trottait dans la tête depuis son retour en France, et c’est donc à Cork qu’il a choisi de refaire ce dernier stage. Mais cette fois-ci, il partait avec l’intention de rester vivre en Irlande !
– J’y suis allé au culot. J’ai appelé mon ancien boss au Cork English College, et je lui ai demandé s’il voulait bien me reprendre en stage, mais à une condition : m’embaucher de suite après ! Il n’a même pas réfléchi, et m’a dit oui directement !
Bien qu’il ne sût pas vraiment pour combien de temps il partait, Guillaume s’imaginait s’expatrier pour un an ou deux. Au final, il y est resté près de cinq ans.
Cette fois-ci, il partait pour un long moment, alors il a traversé la France avec sa voiture… et son kit de survie pour Français : vin, appareil à raclette et saucisson !
Vivre à Cork
Pour Guillaume, Cork est la ville parfaite pour y vivre en tant qu’étudiant et jeune actif.
D’abord, pour sa taille : Cork est une petite ville pour les standards continentaux, mais elle est tout de même la seconde ville du pays en population. Avec ses plus de 200 000 habitants, ça reste tout de même une grande ville : pas très grande, mais pas trop petite non plus.
– Tout se fait à pied. Le centre-ville n’est pas très grand mais il est hyper vivant ! Il y a des centaines de pubs, et plein de restos également. J’habitais à 15 minutes à pied du centre, c’était idéal pour sortir le soir ou le weekend, sans avoir besoin de prendre un taxi.
Cork lui faisait souvent penser à son gros village de Provence, alors que c’est une grande ville. En effet, à chaque fois qu’il allait faire ses courses ou qu’il sortait au pub, il tombait sur quelqu’un qu’il connaissait ! C’est cet esprit de village qu’il a beaucoup aimé en vivant à Cork.
Pour lui, Cork est un endroit très sûr avec très peu de délinquance. Les prix y sont un peu moins chers qu’à Dublin, même si l’Irlande reste un pays assez onéreux. Mais les salaires sont convenables donc quand on est jeune actif, on vit en général correctement.
Un autre aspect que Guillaume a apprécié en vivant à Cork, c’est le bon équilibre entre une ville à la fois très irlandaise, et à la fois internationale. En population bien sûr, mais aussi grâce à des pubs typiques et très locaux, tout comme à des restaurants indiens, asiatiques, arabes, et de tous horizons européens et du monde.
La ville de Cork accueille aussi beaucoup de festivals tout au long de l’année (presqu’un par mois !). Des festivals sur des thèmes variés, beaucoup autour de la musique mais aussi de la nourriture.
– On mange très bien à Cork, on y trouve de bons produits. D’ailleurs, la ville est considérée comme la capitale gastronomique de l’Irlande.
Et côté bière, attention ! A Cork, on ne boit pas de Guinness !
– Ah non ! C’est interdit !
Effectivement, dans la ville rebelle, on boit deux stouts de marques différentes, similaires à la Guinness, mais fabriquées à Cork : La Murphy’s et la Beamish. Le goût ressemble comme deux gouttes de mousse à la Guinness, mais puisque ça vient de Cork, c’est forcément meilleur ! 😉
Et les pubs dans tout ça ? J’ai demandé à Guillaume de nous livrer quelques-uns de ses pubs favoris.
C’est le Sin É qui lui est d’abord venu à l’esprit, un pub traditionnel irlandais, tout petit, « comme une chambre ».
– Il est sur deux étages. Au premier, c’est le pub typique irlandais, avec posters, bougies, et une odeur de vieux bois. Tous les soirs, il y a des sessions de musique traditionnelle. Au deuxième étage, c’est plus calme, plus grand, un lounge idéal pour discuter. Ils ont gardé quelques sièges de l’ancien barbier qui était là avant, c’est assez original !
En pub dansant, Guillaume évoque le Crane Lane, hybride entre théâtre et bar, avec de la musique live tous les soirs, parfois traditionnelle mais aussi rock, jazz, hard rock. C’est parait-il un super endroit pour aller danser à Cork le week-end !
Une chose d’ailleurs que Guillaume a découverte en Irlande, c’est son incroyable ambiance musicale. Avant de s’expatrier en Irlande, il avoue qu’il n’était pas spécialement branché musique, ni concerts. Mais une fois sur place, il a adoré !
– C’est quelque chose qu’on ne connaît pas en France. En Irlande, c’est vraiment culturel, la musique est partout, tout le temps ! Et grâce à ça, tous les soirs de la semaine il y a de la vie. Même le Dimanche et le Lundi, la ville est blindée ! Là-bas, le weekend commence le dimanche soir ! plaisante-il.
Cork, mais pas que !
S’il a vécu cinq ans à Cork, Guillaume en a aussi profité pour beaucoup bouger et découvrir l’Irlande. Les week-ends principalement, car, particularité propre à beaucoup de jeunes expatriés, ses vacances, il les passait dans son pays natal.
– Le gros avantage de l’Irlande, c’est que c’est un petit pays, et que même en un weekend, on peut aller quasiment partout. Alors qu’en France par exemple, quand j’habitais dans le Sud-Est, je ne pouvais pas aller en Bretagne pour un weekend.
Et Cork est bien situé également, même si la ville est tout au Sud de l’île. Il lui arrivait parfois de faire l’aller-retour à Dublin dans la journée, en partant tôt le matin. Même pour aller en Irlande du Nord, il lui est arrivé de partir directement après le travail, le Vendredi en fin d’après-midi, de sortir sur Belfast le soir-même par exemple, et de rentrer le Dimanche soir.
L’Irlande est une petite île, donc en voiture on peut visiter l’île assez rapidement. Bien sûr, certains coins comme le Donegal sont plus loin, mais pour Guillaume, sur le temps des weekends, on voyage très facilement en Irlande.
Et en plus des weekends classiques, il a fait comme font tous les Irlandais : il a profité des longs weekends fériés de trois jours pour les destinations qui demandaient un peu plus de temps.
– Les Irlandais sont des malins : ils ont étalé leurs jours fériés sur toute l’année, avec des Lundis systématiquement fériés (les Bank Holidays). Et quand un autre jour férié tombe un weekend, il est récupéré le Lundi ! Alors quand on travaille en Irlande, on profite de ces longs weekends étalés sur l’année !
Suite à ses années d’expatriation en Irlande
Après cinq ans d’une vie en Irlande où il était très bien, tant sur le plan personnel que professionnel, Guillaume a décidé de revenir vivre en France. Pour des raisons personnelles, mais aussi pour commencer quelque chose qui lui tenait à cœur :
– J’avais pour objectif de créer ma propre entreprise, mais je me voyais davantage le faire en France.
De retour en France, il crée son agence de séjours linguistiques en 2018, Gama Study. L’idée avait germé en Irlande, pendant ces années à travailler pour l’école d’anglais, où il était responsable du marché français.
– Mon activité est complètement liée à mon expérience professionnelle à Cork. Le marché français est un assez gros marché pour l’Irlande. Je me suis rendu compte une fois sur place, qu’il n’y avait pas beaucoup d’agences intermédiaires, à part quelques grosses agences. Pendant ces années, je comparais les prix, et je me rendais compte que pour le marché français, c’était souvent beaucoup plus cher de passer par les agences qu’en direct avec l’école. Alors que pour d’autres pays c’est l’inverse, c’est plus avantageux de passer par une agence qu’en direct avec une école. Donc je me suis dit qu’il y avait quelque chose à creuser.
Son concept est cependant différent car tous ses services sont gratuits pour les étudiants, ce qui fait qu’ils paient le prix public, voire même parfois moins cher car Guillaume a réussi à négocier des réductions avec certaines écoles.
– Le bouche à oreille fonctionne bien, j’ai plein d’étudiants qui me contactent. Quand c’est pour l’Irlande, je peux aussi leur faire profiter de mon expérience et leur donner des petits tuyaux pour s’installer. Par exemple, pour un séjour linguistique, je conseille souvent Cork, ou Galway, car c’est bien situé pour visiter, un peu moins cher et plus petit que Dublin, tout en étant très vivant. Mais je m’adapte en fonction du projet des gens, que ce soit pour des actifs, des familles, des retraités ou des étudiants.
Même s’il propose une vingtaine d’autres destinations, l’Irlande reste sa destination principale. L’idée de cette activité professionnelle a certes germée en Irlande, mais elle lui permet aussi de garder un lien avec ce pays cher à son coeur.
– Même si je suis en France, j’ai toujours un lien quotidien avec l’Irlande, que ce soit avec les écoles ou mes étudiants. Et puis, tous les ans je vais visiter les écoles avec qui je travaille. Ça me permet aussi de voyager pas mal.
Guillaume a aussi gardé des contacts de ses cinq années passées en Irlande, il a encore plein d’amis en Irlande, et est toujours en contact avec pas mal de ses anciens colocataires sur place.
Bernard Shaw, un célèbre dramaturge irlandais, a dit que la vie ne consiste pas à se trouver, elle consiste à se créer. Après avoir écouté Guillaume me parler de ses années à Cork, je me dis que ce bout d’Irlande a sans nul doute contribué à créer la sienne.
Pour en savoir plus sur l’activité de son agence de séjours linguistiques, vous pouvez consulter le site de Gama Study mais également le suivre sur les comptes Facebook et Instagram @gamastudy.
J’espère que ce partage d’expérience de vie en Irlande vous aura plu, voire vous aura été utile. 🙂 N’hésitez pas à le partager, le commenter, et pour aller plus loin dans la découverte de la culture irlandaise, je vous invite à recevoir mon livre numérique (que vous êtes de plus en plus nombreux à télécharger 🙂 ), j’y partage 20 anecdotes culturelles propres aux Irlandais, relevées au fil de mes années à vivre en Irlande ! 🙂
Bonjour Aurelie, j’ai bien aimé ce portrait d’expatrie. Intéressant😃. Suite à un article que vous avez publié sur les réseaux sociaux concernant les séjours linguistiques en Irlande, j’ai consulté le site de Gama Study il y a une quinzaine de jours, pour un projet personnel. Guillaume est très réactif et bien serviable. Mon projet est presque aboutit. Je conseille😃
C’est super Hélène ! Chouette de savoir ces partages d’expériences utiles! Merci pour ton retour. 🙂
Ca manque de photos !
C’est vrai, je suis d’habitude plus généreuse en photos. 😉 2 raisons ici : j’ai peu de bonnes photos de Cork (beaucoup disparues avec un ordi volé, d’autres en argentique ou de mauvaise qualité), et comme les photos du blog sont les miennes uniquement, j’ai préfé m’abstenir. L’autre raison c’est qu’il s’agit ici d’un portrait, celui de Guillaume, et sur tous les portraits que j’écris sur le blog, je ne mets en général que des photos des personnes mises en avant. 🙂