Je continue mon challenge de Tour d’Irlande en interviews (32 comtés, 32 Irlandais, 320 jours), et cette fois-ci, c’est dans le Comté de Laois que je vous emmène. Un comté méconnu, mais qui cache pourtant quelques pépites… Comme le Rock of Dunamase, lieu de mon interview du jour !
Dans ce Tour d’Irlande, je veux laisser la place à l’imprévu, à la spontanéité. Cette nouvelle interview en est un bel exemple. J’ai rencontré Dolores alors que j’étais en simple balade avec ma fille, dans le comté de Laois donc.
Le comté de Laois (se prononce « liche ») se situe à une heure de route au Sud-Ouest de Dublin. Facilement accessible par l’autoroute, vous êtes pourtant là en pleine campagne dès que vous quittez la M7 : fermes, collines et même petites montagnes (500m d’altitude), parfois aussi moutons sur les routes où on ne se croise pas, et du vert (des verts !), partout autour.
Détour improvisé vers le Rock of Dunamase
J’étais donc en vadrouille avec ma fille en ce joli weekend de mai. En ce début de soirée, nous roulions vers l’Est, en direction de Dublin où nous retournions. Le soleil commençait à baisser dans mon rétroviseur et inondait d’une jolie lumière ciel bleu nuageux et campagne verdoyante que nous traversions à vive allure. Trop vive à mon goût. Envie de ralentir, et d’emmener ma fille profiter d’un joli coucher de soleil… Et de lui faire découvrir ce bel endroit où je n’avais encore jamais pris le temps de l’emmener avec moi : le Rock of Dunamase, et les ruines de son château médiéval, dans le comté de Laois.
J’ai donc suivi le panneau qui l’indiquait pour quitter la voie rapide, en direction de Portlaoise (se prononce… « portliche » 😉). Et immédiatement me retrouver en pleine campagne, à suivre mon GPS, puisque comme souvent en Irlande, les panneaux touristiques disparaissent dès que vous quittez les grands axes. Je ne reverrai pas un seul panneau fléchant en direction du Rock of Dunamase sur les 4 ou 5 kilomètres de campagne empruntés (de la vraie, vraie, vraie campagne irlandaise, je vous l’assure ! 😉). Même le petit parking d’accès est bien caché au milieu des arbres (pas indiqué non plus), point de rencontre d’un chemin et de deux boreens (route étroite irlandaise) qui viennent tous de direction opposée.
Mais l’endroit est d’un charme irrésistible ! Isolée parmi ces arbres, une petite chapelle de Church of Ireland toujours en activité vous accueille, entourée de quelques pierres tombales irlandaises. C’est là, le long de ses murets d’enceinte, qu’on se gare. Une dizaine de voitures quand nous arrivons, je suis surprise. Il semble que je ne sois pas la seule à vouloir venir profiter du coucher de soleil du jour.
Fièrement plantées sur leur rocher-montagne, nous surplombent les ruines d’une forteresse que nous avions aperçue en montant la colline, entre virages et feuillages. Ma fille remarque vite que vue d’ici, la forteresse en question est en fait bien plus grande que ce qu’elle laissait paraître depuis la route qui y mène.
L’accès au site est libre (là encore, comme souvent en Irlande), et on s’engage sur le sentier naturel qui grimpe, qui grimpe, qui grimpe… vers les premiers remparts. La vue en haut est tout bonnement magnifique, les ruines vraiment photogéniques, et c’est là-haut donc, que j’ai fait la rencontre de Dolores.
Retrouvez la première interview de ce Tour d’Irlande, avec Clare « gardienne du trésor de Newgrange », dans le comté de Meath.
Dolores, native des environs et du comté de Laois
Ma fille ayant un fort penchant depuis toujours pour l’escalade de rochers et structures en tout genre, elle s’en donnait donc à cœur joie sur le site du Rock of Dunamase, rochers et ruines imbriqués les uns dans les autres.
Un jeune enfant était là également, et avait entrepris de la suivre. Je gardais un œil sur ma fille, tout comme la supposée gand-mère du petit garçon veillait à ses gestes. Non loin l’une de l’autre, nous avons donc naturellement engagé la conversation.
– Il veut la suivre, mais il ne comprend pas qu’il est bien trop petit !
– Quel âge a-t-il ?
– 4 ans.
Me paraissait plus âgé ce bambin, bien grand pour son âge.
Dolores est originaire de Portlaoise, principal town du comté de Laois, et à un jet de pierre du Rock of Dunamase. Dolores a grandi ici et toujours vécu dans les environs.
Mère de deux grands enfants, elle est deux fois grand-mère. Du petit grimpeur de 4 ans ici présent, et plus récemment d’une petite fille, née il y a deux mois, en plein confinement irlandais.
Quand je lui demande de me parler un peu du site sur lequel nous nous trouvons, c’est avec plaisir et enthousiasme qu’elle se prête au jeu pour partager cet endroit qu’elle connait depuis toujours.
Elle me dit que le Rock of Dunamase a été construit sur une butte et faisait autrefois partie de ce que l’on appelait le comté des O’More. Une vieille rumeur, me dit-elle, raconte que lorsqu’ils se faisaient attaquer, les gardes postés sur les arches faisaient chauffer du goudron végétal qu’ils jetaient par-dessus les murs d’enceinte, n’ayant pas assez d’armes à l’époque pour se défendre.
– Si on regarde de plus près, on s’aperçoit que c’est une structure phénoménale ! Et toutes ces pierres ont dû être montées jusqu’ici une par une, à la main !
Dolores pointera aussi du doigt les arches encore en place, si bien réalisées.
– A l’époque, ils n’avaient aucune formation, aucune machine pour construire de tels bâtiments, et pourtant, ils sont si bien faits ! Ca n’existe plus aujourd’hui.
Dolores me confie que beaucoup de touristes et d’étrangers viennent désormais jusqu’ici (ce soir-là, principalement de jeunes locaux, en bandes ou en couples).
– Tout le monde respecte l’endroit. Les gens viennent juste voir la beauté de cette forteresse, admirer la vue magnifique et apprécier l’histoire des lieux. Quand on est ici, qu’on voit la vue à travers toutes ces fenêtres, on comprend mieux comment ils vivaient ici avant, et pourquoi ça a été construit là. Et le panorama sur la campagne et les champs de culture est absolument fabuleux !
Dolores vient au Rock of Dunamase depuis qu’elle est enfant. D’une fratrie de 10 enfants, son père et sa mère les emmenaient souvent ici.
– On était toujours content de faire cette petite excursion, on a toujours aimé venir ici. C’était très facile d’accès depuis Portlaoise, et on pique-niquait là, en famille.
Je comprends l’attachement de Dolores pour cet endroit, un point de repère chargé de beaux souvenirs, un endroit où ses parents l’emmenaient enfant, où elle a emmené ses propres enfants à son tour, et où elle emmène désormais la nouvelle génération.
– J’ai des photos de mes enfants ici quand ils étaient petits, me fait-elle en pointant les fenêtres avec vue dans lesquelles quelques instants plus tôt je photographiais moi-même ma fille. Je les ai vus grandir ici, et maintenant c’est mon petit-fils que je prends en photo aux mêmes endroits. C’est un endroit où on vient de génération en génération, et on ne s’en lasse pas.
Dolores travaille à plein temps comme réceptionniste à Portlaoise. Elle aime sa région et les environs, aussi pour sa situation géographique.
– On est juste à une heure de Dublin, on à l’autoroute. C’est très central et d’ici on peut aller facilement n’importe où dans le pays.
Elle me parle des Slieve Bloom, petites montagnes à cheval entre les comtés d’Offaly et de Laois, qui ajoutent au charme des environs.
– De toute façon, où que tu ailles en Irlande, c’est beau comme ici ! ajoutera-t-elle.
On continue à papoter rappelant de temps en temps nos grimpeurs en herbe à se rapprocher du sol. Dolores ne cessera de me montrer les superbes vues en 365 degrés qu’on observe depuis les ruines imposantes par leur superficie (vraiment insoupçonnable de loin !), et je sens toute l’affection et l’admiration qu’elle a pour ce lieu, qui fait vraiment partie de ses racines.
Nous sommes restées parler encore un peu. Le vent s’était levé, et je me suis aperçue qu’il n’y avait plus que nous sur le site. Il était temps pour Dolores de redescendre, son petit-fils promis à une bonne nuit de sommeil (il dormait chez elle ce soir-là).
– On va y aller, ce soir, il y a du golf à la télé. Rory McIlroy, il est Irlandais.
Bah oui. Je réalisais avec ces mots que Dolores avait la panoplie complète de golfeuse avec sa casquette super classe vissée sur la tête, joliement assortie à sa veste sans manche, et à son pantalon droit en toile. Deux kilomètres avant d’arriver, nous étions passées devant un green sur le bord de la route, envahi de moutons, ce qui nous avait fait beaucoup rire. Peut-être y avait-elle tapé quelques balles plus tôt dans la journée ?
Nous sommes restées quelques instants supplémentaires là-haut, ma fille et moi, profitant du calme et de la beauté du lieu pour nous toutes seules. Nous avions bien fait de prendre notre temps, pour venir jusqu’au Rock of Dunamase, et rencontrer Dolores.
Un peu plus sur le Rock of Dunamase
Le château de Dunamase date du XIIème siècle, et a été construit sur le site d’un ancien fort datant du IXème siècle, même si le rocher était depuis longtemps une place forte de part sa position géographique qui domine tous les alentours.
De construction anglo-normande, il est passé propriété de nombreuses familles au fil des siècles jusqu’à ce que la famille irlandaise O’More (ou O’Moore) en prenne possession au XIVème siècle. Il a ensuite été inutilisé pendant longtemps puis détruit sous Cromwell au XVIIème siècle.
Un premier mur d’enceinte avec pont-levis protégeait l’accès au château, puis une seconde arche un peu plus haut sécurisait l’entrée de la ceinture principale de la forteresse.
Les ruines du bâtiment principal en haut du promontoire, celui qui offre de nombreuses fenêtres « avec vue », daterait du XIIème siècle, un édifice impressionnant pour l’époque, aussi comme me l’a souligné Dolores, de part sa position géographique et son accès.
Voilà ! Ce n’était pas prévu, mais vous pouvez remercier Dolores qui vous a fait découvrir, ou redécouvrir, un joli coin de son comté : le Rock of Dunamase !
Many thanks again Dolores, it was lovely meeting you. 😊
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J’avais adoré m’arrêter là ! C’était lors de mon deuxième voyage, nous avions atterri à Dublin avec mon Amie, récupéré la voiture de location, et étions parties directement puisque nous voulions rejoindre Doolin. Mais j’avais noté de nous arrêter là, et j’ai eu la sensation d’être officiellement de retour dans l’Irlande que j’attendais (pas dans l’aéroport ou en ville quoi – ni enfermée dans la voiture ah ah).
Je confirme pour les panneaux AH AH AH nous avions repéré le site de loin, mais en s’en rapprochant c’était au feeling ^^.
Encore une chouette rencontre en tout cas, voilà un petit récit sympathique.
« Ce n’est pas la destination qui compte, c’est le voyage. » 😉
Les paysages sont superbes
Super article qui au-delà des paysages montre bien l’accueil et l’importance du partage des irlandais ! Là encore pour nous c’est à découvrir en vrai !
Si vous avez le temps, je le conseille vraiment. Encore méconnu, mais vraiment sympa, et très nature. 🙂