Voici un conte d’Halloween irlandais tout droit sorti de mon imagination, écrit pour mêler à la fois la magie de l’Irlande, et celle d’Halloween. Le héros, Séamus, est un leprechaun, personnage commun du folklore irlandais. Ce qui suit est la suite et fin d’une histoire commencée dans cette première publication.
Nuit d’Halloween à Lisdoonvarna est l’un des 12 contes qui composent Les aventures de Séamus le leprechaun, un livre de contes que j’ai écrit et imaginé pour petits et grands amoureux d’Irlande.
C’est que les Goblins, ici, personne ne voulait les voir ! Séamus les connaissait lui aussi, car ils faisaient partie de son monde, celui des Petits Êtres. Ils n’étaient pas très hauts, une dizaine de centimètres tout au plus, difformes, des oreilles pointues et des visages vraiment méchants. Les Goblins vivaient sous terre, et opéraient en bandes. Comme ils ne pouvaient compter sur leur taille, c’est grâce à leur nombre qu’ils persécutaient les Grands Êtres. Comme beaucoup de créatures des autres mondes, les Goblins agissaient la nuit. Et le soir d’Halloween était l’une de celles où ils sévissaient à répétition pour effrayer les Humains.
Le pub était maintenant très agité. Tous voulaient savoir ce qui s’était passé. Le patron du pub questionna alors Malachy :
— Comment ont-ils pu s’introduire chez toi ? N’avais-tu pas accroché de fer à cheval à ta demeure ?
— Si, mais seulement un, à l’extérieur de la maison, près de la porte. Je pensais que ça suffisait. Cependant, ils sont entrés par la cheminée, je ne les ai pas vus arriver. J’étais assis à la table, ils ont ligoté mes pieds à ceux de la chaise, et sont partis par la fenêtre en ricanant ! Je n’ai rien pu faire ! Ils ont emporté mon violon, et mon précieux bodhrán ! J’y tenais tellement !
L’affolement général du pub reprit de plus belle. Séamus décida d’intervenir. Il grimpa sur la poutre supérieure de la cheminée, et fit tomber un petit pot en porcelaine qui servait d’ornement. Le pot se brisa au sol en mille morceaux, dans un raffut du tonnerre ! Le silence remplaça immédiatement le brouhaha, et toutes les paires d’yeux se tournèrent vers la cheminée. Maintenant que le Petit Être avait obtenu le silence et l’attention qu’il voulait, il s’adressa à la foule :
— Oyé ! Oyé ! Humains et autres créatures ici présents ! N’ayez pas peur ! Je m’appelle Séamus, et comme vous pouvez le constater, je suis un leprechaun. J’ai écouté Malachy raconter ce que les Goblins lui avaient fait, et je veux l’aider à retrouver ses instruments.
Malachy fut touché par tant d’attention.
— Merci Séamus, c’est fort aimable de ta part. Mais, comment comptes-tu t’y prendre ?
— Les Goblins font partie de mon monde, et même si je ne les côtoie pas, je connais un peu leurs habitudes. Et ce soir, je crois savoir où les trouver… Toutefois, je vais avoir besoin d’aide.
— Je t’aiderai ! Je ferai tout ce que tu voudras ! Avec toi, je n’ai pas peur ! Je veux juste retrouver mon violon et mon bodhrán, j’y tiens tellement !
— J’accepte ton aide, Malachy. Mais, sans vouloir t’offenser, ce n’est pas à toi que je pensais. Je vais avoir besoin du renfort de quelqu’un qui est parmi vous.
Des chuchotements s’élevèrent, tous se demandant bien lequel parmi eux pouvait être celui que Séamus voulait pour sa mission.
— À qui penses-tu donc ? lui demanda alors Malachy.
— Au Pooka ! Lui seul saura effrayer les Goblins.
— Le Pooka ? Enfin, qu’est-ce que tu racontes ? Il vit dans les montagnes, loin d’ici ! Personne ne sait où il est, et ce n’est certainement pas ce soir que l’un d’entre nous va s’aventurer à aller le déranger !
— Oh ! Mais, personne n’aura besoin de le déranger, puisqu’il est déjà dans cette pièce !
Et Séamus pointa du doigt en direction du Pooka, qui s’était fait plutôt discret depuis l’entrée de Malachy dans le pub. Personne n’avait vraiment fait attention à lui jusqu’à présent. Il est vrai que parmi tous les déguisements, son apparence ne dénotait pas. Mais, lorsque tous comprirent qui il était, des « Oh ! », et des « Ah ! », et des « Han ! » se firent entendre à l’unisson dans la pièce.
— Pooka, j’ai besoin de ton aide pour récupérer les instruments de Malachy. Les Goblins savent qui tu es, et auront peur de toi. Alors que moi, seul contre eux tous, ils ne m’écouteront même pas !
Le Pooka accepta sans hésiter la proposition de Séamus. Avant de partir, il se transforma cependant en une autre créature. Il avait maintenant le corps d’un cheval noir, et la tête d’un magnifique bouc argenté. Malachy et Séamus montèrent sur son dos, et tous les trois filèrent dans l’obscurité à travers le Burren. Un Burren enveloppé d’un épais brouillard cette nuit-là, qui ajoutait du mystère aux paysages minéraux qu’ils traversaient.
— Où allons-nous ? demanda Malachy.
— Un immense dolmen se dresse au cœur du Burren. C’est là où les Goblins des environs se réunissent le soir d’Halloween, avec tout ce qu’ils réussissent à chaparder aux Humains.
Le Pooka galopa dans la brume. Ses sabots claquaient sur la roche et résonnaient à travers les étendues calcaires qu’il traversait. Comme il approchait du dolmen, il revint progressivement au pas, de sorte à ce que les Goblins ne l’entendent pas arriver.
Dissimulés par le brouillard, Séamus, le Pooka et Malachy purent ainsi observer des centaines de Goblins regroupés au pied du dolmen. Cela ressemblait à une drôle de célébration, sans réelle organisation, avec beaucoup de chamailleries !
— Là-bas ! Mon violon ! Et mon bodhrán ! s’exclama Malachy à voix basse.
Séamus s’adressa alors au Pooka :
— Maintenant que nous avons repéré les instruments de Malachy, il te suffit de sortir du brouillard au galop. Les Goblins disparaitront sous terre en un quart de seconde ! Ils ont tellement peur de toi !
Ni une, ni deux, le Pooka se précipita vers le dolmen géant, dans un galop qui fit trembler le sol rocailleux des alentours. Malachy et Séamus durent se cramponner fort sur son dos pour ne pas tomber.
Les Goblins reconnurent de suite le Pooka, et comme l’avait présagé Séamus, ils se précipitèrent se cacher sous terre ! Malachy descendit du dos de cheval et courut récupérer ses deux instruments.
Mais alors qu’il venait d’empoigner le violon, une idée lui traversa l’esprit. Et si les Goblins lui ficelaient à nouveau les pieds ? Et s’ils le faisaient prisonnier pour l’emmener sous terre ? La pensée fit frémir le musicien. Vite, il ramassa son bodhrán, et s’empressa de remonter sur le dos du Pooka, ses instruments sous le bras.
Ouf ! Il était sain et sauf !
De retour au pub de Lisdoonvarna, les trois compères retrouvèrent la clientèle et le patron qui les attendaient. Ils étaient bien sûr tous ravis de voir Malachy entrer muni de son violon et de son bodhrán. Le musicien raconta leur aventure en détail, et des « Oh ! », et des « Ah ! », et des « Han ! » se firent de nouveau entendre à l’intérieur du pub.
Et puis, Malachy prit place près de la cheminée aux côtés de ses compagnons musiciens. Séamus passa sa soirée sur la poutre de la cheminée, et ce soir-là, il n’eut nullement besoin de se cacher pour apprécier les notes qui s’échappaient du violon et du bodhrán de Malachy.
Quant au Pooka, on le vit danser avec une sorcière, comparer ses cornes avec celles du Vieux Cormac, et rire à gorge déployée avec une morte-vivante.
Dans la chaleur d’un pub d’une nuit d’Halloween à Lisdoonvarna.
Ce conte d’Halloween vous a plu ? Retrouvez Séamus le leprechaun dans 11 autres de ses aventures irlandaises dans le livre Les Aventures de Séamus le leprechaun, disponible ici.
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