C’est avec son accord, celui de ma fille, que je vous écris ces mots, couchés sur papier, avec un simple stylo. Et ma main gauche, celle du coeur. « Ces paysages irlandais qui font pleurer ma fille« , un titre d’article venu naturellement, à la suite de la dernière randonnée que nous avons faite ensemble.
En réalité, je ne lui parle que très peu de mon rapport à l’Irlande. L’Irlande est l’une de mes passions, et je crois que c’est à elle de trouver les siennes. Je ne veux pas l’influencer dans ses goûts, ses centres d’intérêts, même si je sais bien que c’est inévitable.
En fait, je randonne et voyage en Irlande encore plus souvent sans elle, qu’avec elle. Pas qu’elle ne le veuille pas, bien au contraire (sa tête, à chaque fois qu’elle découvre que je suis partie sans elle ! 🙂 ) ! Mais simplement parce que notre organisation, et les contraintes de temps et du quotidien sont ainsi. Et puisqu’elle lit tous les articles de ce blog, je ne peux plus rien lui cacher ! 😉
Pourtant, elle en voit déjà pas mal, de l’Irlande, vous vous en doutez bien ! « Née dans un sac à dos », elle a très vite choppé le virus de la découverte, et est toujours partante pour une virée de quelques jours, ou une randonnée à la journée au départ de Dublin (et il y a déjà de quoi faire !).
Que j’aime l’emmener avec moi, dans ces paysages sauvages ! La voir gambader sans retenue, loin devant, à travers ces grands espaces qui n’ont de limites que mer et océan qui les entourent ! Liberté, liberté chérie.
Si vous souhaitez en connaître un peu plus sur mon parcours, vous pouvez lire l’article « L’Irlande, un rêve devenu réalité, et bien plus !«
Je me souviens encore de la première randonnée irlandaise dans laquelle je l’avais emmenée avec moi. C’était quelques jours à peine après notre retour à Dublin. Je l’avais embarquée à travers les monts qui surplombent Bray, et la mer d’Irlande, dans le comté de Wicklow. Elle courrait, elle riait, elle grimpait sur le moindre rocher, escaladait les paroies rocheuses qu’elle pouvait mettre sous ses petites mains ! Aucune limite, je la laissais explorer les siennes elle-même, dans cette nature aussi impressioniste qu’un tableau de Monet. Il faisait très beau ce jour-là. Mais d’un coup, de notre petite altitude, nous avions vu un nuage (un seul !) arriver au loin. Le ventre à terre comme un félin prêt à sauter sur sa proie, il carressait les collines plus au Sud, et se dirigeait droit sur nous. Cinq minutes, pas plus, c’est le temps qu’il lui avait fallu pour venir nous croquer, nous envelopper, et nous plonger l’espace de quelques instants dans une brume froide et impénetrable. C’était la première fois que ma fille se retrouvait la tête dans les nuages, au sens propre du terme. Elle avait essayé de l’attraper, en vain. Il s’était échappé comme il était venu, nous relâchant à nouveau vers un ciel bleu et un soleil qui brillait au-dessus de nos têtes.
Depuis, c’est un ouragan de joie et de sourires à chaque fois que je lui propose d’aller vadrouiller ici ou là en Irlande ! Et toujours un grand « oui ! » en réponse. 😉
A vrai dire, elle a déjà vu un peu du monde pour son jeune âge, de jolis paysages, et vécu différentes expériences sur différents continents. Elle avait 5 ans et demi par exemple, lorsqu’elle s’était réveillée après son premier bivouac, un 31 décembre, face au Mont Saint Michel ensoleillé, dans une baie lunaire de givre. Et 6 ans, lorsqu’elle a franchi « son premier 2000 mètres », lors d’une vraie randonnée de grands, en Macédoine.
Mais jamais, jamais ailleurs qu’en Irlande, je ne l’ai vue fondre en larmes devant un paysage !
Notre dernière randonnée ensemble, elle et moi, dont je vous parlais plus tôt, c’était dans les Monts Wicklow, aux portes de Dublin. La plupart des randonnées que l’on peut faire en Irlande sont non balisées. C’était le cas ce jour-là, où j’avais décidé d’emmener ma fille randonner autour et jusqu’au sommet de Luggala. C’était la première fois que je lui faisais découvrir cette randonnée, qui cache une jolie surprise lorsque l’on atteint le sommet de Luggala (d’une altitude hymalayenne de 595 mètres ! 😉 ).
En chemin, sur ces paysages ouverts en 360 degrés au delà des rondes collines rousses, vertes, et jaunes dénuées de tout arbre, je l’avais vue s’arrêter plusieurs fois, sur un rocher solitaire qui se trouvait là, perdu au milieu des tourbières. Elle ne s’arrêtait pas parce qu’elle en avait marre, non. Elle s’arrêtait pour contempler, observer, admirer. Comme si elle se faisait hâpper, appeler. Ca non plus, je ne l’ai jamais vue le faire ailleurs qu’en Irlande. Mais je comprends tellement qu’on puisse le faire, tant la beauté de cette terre est d’un romantisme touchant !
Après une petite heure de marche, je l’ai laissée découvrir la vue panoramique, seule, devant moi. Là aussi, elle s’est assise sur un rocher, instantanément, sans un mot. Je l’ai rejointe. J’ai respecté son silence, un peu. Puis j’ai dû lancer un inutile « C’est beau, hein ? ».
– Mmm, en guise de réponse.
Elle s’est levée, et est partie pour ce que je pensais être une exploration du sommet. Mais je l’ai vu s’arrêter, face à ce précipice de roche au bas duquel est lové un lac noir, qui s’éfile en une rivière, qui elle s’écoule à travers une vallée qui semble infinie. Au loin, la mer d’Irlande. Partout autour, des monts chauves, mais roux, et verts. Et ma fille, là, soudain, qui s’effondre en larmes, plongeant sa tête dans ses petites mains ! Incrédule, je me suis bien sûr empressée d’aller la consoler, et surtout, de savoir quelle était la raison de ce chagrin que je n’avais pas vu venir.
– Mais qu’est-ce qu’il y a, ma puce ?
– C’est trop beauuuuu ! réussit-elle à me sortir dans un sanglot qu’elle vint finir dans mes bras.
Submergée par l’émotion que ce paysage lui procurait. J’en restais coite. Mais il fallait bien que je la console.
– Je comprends. Tu sais, moi aussi il m’arrive de pleurer devant ces paysages. Et c’est vrai que c’est trop beau…
Le torrent d’émotions passé, nous restâmes pique-niquer sur ce promontoire, à la vue imprenable sur le Lough Tay, aussi connu par le petit nom de « Lac Guinness ». Une plage artificielle de sable fin venant parfaitement (et volontairement) chapeauter un lac noir, sur une propriété de la famille Guinness, il n’en fallait pas plus pour que le surnom soit tout trouvé ! C’est un arrêt populaire pour les touristes, et les bus qui passent par Sally Gap, au retour de Glendalough. Et c’est vrai que la vue depuis les petits parkings, est déjà magnifique. Mais y accéder par l’autre côté, en randonnant, avec cette vue exceptionnelle depuis cette falaise de granite, c’est une expérience incroyable ! D’autant plus que le panorama ne se dévoile qu’au tout dernier moment, insoupçonnable avant le sommet ! Effet de surprise garanti !
Alors voilà, ma fille s’émeut devant ces paysages irlandais. Il semble que nous partagions alors la même sensibilité face à cette nature, souvent envoûtante il faut bien le dire. Et quelque part, au fond de moi, j’en ressens une forme de contentement, je dois bien l’admettre, de savoir que l’Irlande lui fait le même effet qu’à moi. Il y a quelque chose de spécial dans les paysages irlandais. Quelque chose de plus, de presque mysthique, de l’ordre du lyrique, souvent, je trouve.
Bien sûr, il y a bien d’autres choses que ma fille aime en Irlande, bien au-delà des paysages ! Pouvoir partager tout ça avec elle, et même être là pour la consoler lorsqu’elle se fait prendre par l’émotion que lui procure cette terre, c’est chouette. C’est très chouette.
Je ne sais pas ce qu’il lui restera de ces souvenirs, ni ce qu’elle en fera. Mais je sais déjà que l’Irlande s’installe tous les jours un peu plus, au fond de son petit coeur d’enfant.
Quant à moi, je vais continuer à l’accompagner, si elle le souhaite, pour lui faire découvrir, encore et toujours, cette île que nous partageons.
Partagez, si vous aussi l’Irlande vous émeut. Et rejoignez-moi sur Instagram @racontemoilirlande pour davantage de photos de ces jolis paysages irlandais ! 🙂
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J’adore l’épisode de la tentative de capture du nuage (et la photo).
Et que dire quand l’émotion la submerge.
Tu as de la chance d’avoir une petite fille qui sait s’émerveiller d’un rien. Et elle a la chance d’avoir une maman qui lui fasse découvrir toutes ces merveilles.
Merci. 🙂
De lire qu’une enfant soit aussi touché en regardant les paysages qui s’offre à ses yeux n’est pas commun. C’est beau😊. Vous avez de belles randonnées à partager en perspective😃. Je partage votre avis sur la nature envoûtante. Il m’est arrivé à plusieurs reprises lors de mes ballades sur cette île, de m’arrêter et contempler le panorama qui s’offrait à ma vue😃. Et apprécier le calme!
Merci Hélène pour votre commentaire. Oui, le calme quand on se balade en Irlande, respirer l’air pur de l’océan et des grands espaces, ça nous fait ralentir, et ça fait du bien ! 🙂
Un très bel article : l’Irlande émeut et ne fait pas pleurer que les plus jeunes ! J’ai 48 ans et notre tout premier voyage il y a 2 ans et demi ( à la demande et pour les 50 ans de mon mari) a fait naitre une soif de voyages et surtout une irrésistible envie d’aller plus loin dans la découverte de ce pays. L’année suivante nous sommes allés en Grèce que j’avais visite petite et que je voulais lui faire découvrir. Mais l’Irlande nous rappelait déjà et nous avions programme avril 2020 …… projet avorté. Depuis nous voyageons en Irlande grâce à des personnes comme vous : merci ! L’attente est longue de sauter dans le prochain avion, anxiogène et la prudence de notre quotidien répond à un seul but : retourner des que possible en Irlande. Découvrir et/Ou revoir ces magnifiques paysages, échanger avec les irlandais si chaleureux etc ….. continuez de nourrir nos espoirs !
Merci pour votre témoignage, c’est beau de voir que l’Irlande est à la source de d’autres découvertes ! Et merci pour vos encouragements, de ceux qui me touchent et me portent, pour continuer à mettre un peu d’Irlande chez tous les amoureux et curieux de cette île ! 🙂
merci Lily, moi aussi j’ai pleuré d’émotions en te lisant… ma fille et moi avons partagé les mêmes ressentis il y a Quelques années, ce qui lui a donné cet amour pour ce magnifique pays et donné envie d’y faire ses études et probablement d’y vivre! merci encore car grâce à tes posts le confinement paraît plus léger!!!
Merci ! 🙂
Wow !!!! 😱😱😱
Simplement, tu cartonnes ! L’écriture avec le coeur ne cesse de me plaire chez toi ! Et les photos de ta fille, avec paysages irlandais en fond, sont magiques ! 💚 💚
Encore un article bien « dévoré » qui se loge dans ma mémoire de « beaux souvenirs irlandais » 💚☘️☘️😉
Merci Angelique. 🙂
Ce sont de splendides cadeaux que tu fais à ta fille avec ces voyages pédestres. Ces images resteront avec elle tout au long de sa vie et lui donnera un grand plaisir à se les remémorer.
Le temps le dira… 🙂
Hello… Énorme merci à vous deux, mère et fille, de fortifier ma passion pour cette île et de partager autant ! Très hâte d’être en Mars et j’espère pouvoir vous rencontrer et vous offrir un bon chocolat chaud…ou une Guinness 😆 Vous êtes mon Tourism office ! Bonne continuation et surtout faites attention à vous Ps moi aussi je pleure souvent 😝
Merci Yveline, c’est trop gentil ! 🙂 Je transmets votre merci à ma fille et espere comme vous que vous pourrez venir en Irlande en mars prochain !
Merci Aurélie, je découvre tes articles et j’ai hâte de visiter ce pays où je suis déjà tombé raide dingue, rien qu en faisant le parcours et en lisant les posts Fb et différents articles, pour septembre… peur de ne pas repartir indemne ! Merci encore
Ne pas avoir peur, juste profiter : l’Irlande est généreuse. 🙂 Bon voyage !