Oui, j’ai visité une prison hantée en Irlande et le pire, c’est que je ne savais pas qu’elle était hantée avant de m’y rendre ! Visiter des lieux hantés en Irlande, ou ailleurs d’ailleurs, ce n’est ni quelque chose que je fais habituellement, ni quelque chose que je recherche. Et pour être tout à fait honnête, pas vraiment quelque chose en quoi je crois non plus. Du moins, c’était avant ma visite de cette prison hantée irlandaise. Avant ça, je pensais que les lieux comme les châteaux hantés en Irlande, c’était du folklore, une carte de visite touristique, même si j’avais déjà entendu, par exemple, des histoires d’écoles ou d’anciens hôpitaux hantés en Irlande. J’en raconte même parfois durant mes visites, mais personnellement je n’avais jamais expérimenté (« voir », être et ressentir) des phénomènes paranormaux dans un lieu réputé être hanté, ici, en Irlande. Mais au fait, quelle est cette prison hantée en Irlande ? Je vous le révèle dans cet article, mais avant ça, je vous raconte le contexte, pourquoi j’y suis allée, sans même savoir ce à quoi m’attendre.
Avant-propos – Je n’ai aucun soucis à ce que vous me preniez pour une folle après avoir lu cet article : j’assume totalement ce que j’ai vécu en visitant, sans le savoir, l’un des lieux les plus hantés d’Irlande et ce que j’en relate ici.
Pourquoi visiter un lieu hanté en Irlande
Pourquoi avoir visité ce lieu hanté en Irlande ? Comme je vous l’ai dit plus haut, je ne savais pas avant de m’y rendre que cette ancienne prison irlandaise l’était. A vrai dire, j’ai su ensuite qu’elle est réputée être parmi les lieux les plus hantés d’Irlande… Et je ne le savais pas. Je ne le savais pas, parce que je ne recherche pas ce genre de tourisme ou d’information et que jusqu’à présent, je croyais que les châteaux hantés en Irlande, ou les autres lieux hantés du genre, c’était du folklore, des histoires qu’on raconte. Beaucoup de châteaux en réalité sont, dit-on, habités par des fantômes. Si je reste dans le comté de Dublin où je vis, par exemple, les premiers qui me viennent à l’esprit sont les châteaux de Balbriggan, de Malahide, de Howth qui ont eux aussi leurs propres histoires d’étranges apparations et de fantômes qui viennent hanter les lieux. Autant d’histoires que j’aime entendre, que j’adore encore plus raconter d’ailleurs, mais pour autant sans jamais les avoir vraiment prises très au sérieux.
Nous étions en décembre. J’avais décidé de me rendre dans cette prison, devant laquelle je suis passée nombre de fois, sans pour autant n’avoir jamais cherché à y rentrer. Il s’agit d’une ancienne prison qui se visite désormais. Elle se situe dans un town où je me rends assez régulièrement pour me balader, le long de ses côtes notamment. Je connaissais pourtant l’intérêt historique de cette prison, lieu de départ de nombreuses déportations d’Irlandais vers l’Australie au 18ème siècle.
Mais malgré l’intérêt historique, ce genre d’endroit glauque, j’ai plutôt tendance à les fuir. Ce qui s’y est passé, je le connais, ces époques sombres de l’Irlande. Aucune envie de me rendre dans ces lieux et de voir de mes propres yeux : imaginer la misère qui a pu s’y passer me suffit amplement. Trop sensible pour ces endroits-là, sans doute.
Mais voilà, au bout d’un moment, ma curiosité pour les lieux historiques et le passé de l’Irlande prend le dessus et je trouvais dommage de n’y être jamais allée, de n’avoir jamais visité cette prison. Au moins une fois. Alors, j’avais profité que l’Irlande soit encore pandémiquement et touristiquement endormie pour me rendre, un jeudi 2 décembre, dans ce lieu chargé d’histoire que je saurais calme (un luxe que j’aime m’offrir : le hors saison et le hors weekend). J’y allais donc dans ce seul et unique but : visiter cette ancienne prison liée à l’histoire de la Grande Famine et des bagnards irlandais qu’on envoyait en Australie. Très naïvement donc et sans aucun à priori.
Ma visite de cette prison hantée en Irlande
Ma visite de cette prison hantée en Irlande s’est passé un jeudi matin de décembre 2021. Presque deux décennies donc après mon installation en Irlande. C’était pourtant la première fois que je m’y rendais, mais j’étais contente d’y aller, puisque je l’avais choisi. Je me disais que ce serait sans doute calme, en hors saison, en semaine et surtout, en période de pandémie Covid-19 où le tourisme national et international était encore plus que timide en Irlande (nombre de restrictions étaient encore de mise). Pas de visite guidée proposée donc, ce serait une visite en totale autonomie. Ca ne me dérangeait pas, d’autant plus que j’ai pu constater tout au long de ma visite que le lieu était extrêmement bien fourni en informations et explications en tout genre.
Vu de l’extérieur, le bâtiment est impressionnant, une vraie forterresse avec une lourde porte d’entrée voutée, en bois. Une fois à l’intérieur, la prison de l’époque, ses murs ternis et les reconstitutions avec mobilier et des personnages en situation dans les cellules et les espaces communs vous mettent tout de suite dans l’ambiance.
J’ai commencé ma visite dans une première pièce avec film intéractif très bien fait. Jusque là tout allait très bien. Puis je suis entrée dans l’espace principal, une sorte de grand hall sur trois étages, les deux supérieurs en galerie, avec successions de portes noires, de cellules de chaque côté.
Première cellule. Porte ouverte. Je rentre. C’est là que ça a commencé. Je voyais comme des ombres passer dans le coin de mes yeux, mais toujours au même endroit dans la cellule. J’ai cru au début que c’était la lumière du jour qui passait par la fenêtre, avec les barreaux. Je n’y ai pas pris note. Sauf que dans une cellule suivante, même chose. Au point où il m’a fallu sortir de la cellule pour voir si j’avais un soucis au niveau de ma vue. Sortie de la cellule, tout était normal. Je rentre à nouveau : encore ces ombres dans le coin de mes yeux, qui passent et disparaissent.
Assez vite aussi, je me sens oppressée, ce qui n’est vraiment pas ma nature. Il y a pourtant une belle hauteur sous plafond dans le hall principal, plutôt clair en fait. Et on ne peut pas dire qu’il y ait foule : je suis la seule visiteuse en ce jeudi de décembre (et le resterai tout le long de la visite) !
A ce stade, j’hésitais entre me croire folle ou… me croire folle. Je suis descendue au sous-sol… là où avaient lieu les tortures. Certaines cellules sont ouvertes. Dans l’une d’entre elles qui était pourtant vide, le sentiment de malaise était tel que je n’ai pas pu y rester. Quand je suis remontée au rez-de-chaussée, je n’étais vraiment pas bien. Puis, j’ai pris les escaliers pour monter sur la galerie du premier étage. Et là, des phénomènes d’ombres dans mon champ de vision ont recommencé. Par endroit seulement et pas partout, mais indépendemment de l’exposition à la lumière de ces lieux. Ce qui était bizarre, c’est que j’avais l’impression qu’ils étaient localisés à des endroits précis et qu’ils se répétaient. Comme si ça passait en boucle.
Au dernier étage, il y a une ou deux cellules où je ne me suis pas sentie bien du tout, sans savoir l’expliquer, et où j’ai dû ressortir aussitôt, sans même lire quoi que ce soit des panneaux informatifs les concernant. Sur la galerie de cet étage, je n’étais vraiment, vraiment pas bien. Je ne l’explique toujours pas. J’avais un noeud à l’estomac, je sentais un poid sur mes épaules.
Autre phénomène bizarre : à plusieurs reprises, et à différents étages, quand j’ai voulu prendre des photos, l’écran de mon smartphone était flou et je n’arrivais pas à mettre le focus, même en insistant. Mon smartphone marchait pourtant très bien avant de rentrer dans cette prison. Et marchait à nouveau très bien quand j’ai pris des photos en bord de mer, une fois sortie.
Et puis, enfin (enfin !), je suis arrivée à la dernière cellule de la visite. Et là, révélation ! Des panneaux titrés « apparitions et rencontres » et « activité paranormale au sein de la prison« . Je les ai lus. Et sur l’un d’entre eux, je lis, stupéfaite : « au rez-de-chaussée, les gens reportent souvent voir des ombres dans le coin de leurs yeux ».
– Au secours ! crie-je dans ma tête. Mais quel est ce lieu ?! Ils ne peuvent pas mettre un grand panneau avant de rentrer, pour prévenir, plutôt que d’attendre d’avoir atteint (complètement liquéfiée en ce qui me concerne) la dernière cellule pour révéler que cette ancienne prison irlandaise est hantée ?!
Je n’étais pourtant pas au bout de mes surprises. Quand je suis entrée, juste après cette dernière cellule, dans la boutique de la prison (je ne sais même pas quels genres de souvenirs elle vend tant je n’avais qu’une hâte, sortir de ce lieu), la dame qui était derrière le comptoir me demande :
– Ca vous a plu ?
– Oui… Mais je viens de voir que cette prison est réputée être hantée, je ne le savais pas…
– Oui. Vous avez vu des choses ?
– Des ombres, en bas, dans plusieurs cellules.
– Oui, il y a pas mal d’activité ce matin. N’est-ce pas John ? Fait-elle en s’adressant à un autre employé des lieux.
John acquiesce :
– Oui, c’est très actif ce matin.
Hein ? Quoi ? Vous me dites ça, comme ça ? Genre, tout le monde le sait, le vit et c’est normal ? continue-je de crier dans ma tête.
– Et dans la cale reconstituée du bateau, vous avez vu des choses ?
– Non, rien. Par contre, quand je suis arrivée en haut des escaliers, sur la galerie, à cet étage, je ne me suis vraiment pas sentie bien.
– Ah ! Oui, ça arrive souvent aussi. Surtout chez les femmes.
L’estomac noué, je pense que j’étais très blafarde quand je me suis empressée de rejoindre le grand air et de quitter cette prison dont je ne savais rien deux heures plus tôt, mais que je pouvais désormais citée comme étant… le premier lieu hanté d’Irlande (et de ma vie) où j’ai mis les pieds ! Du moins, le premier où j’ai vécu des phénomènes paranormaux de ce genre.
Il m’a fallu plus d’une heure à me balader sur la jolie côte du town pour me nettoyer l’esprit au son des vagues avant de pouvoir repartir, mais même après ça, j’étais dérangée, un malaise qui m’a suivie pour le reste de la journée.
La prison de Wicklow town : l’un des endroits les plus hantés d’Irlande !
Wicklow Gaol de son nom officiel, la prison de Wicklow town a donc la réputation d’être l’un des endroits les plus hantés d’Irlande. Et son personnel semble être totalement familier de ces phénomènes étranges. Il faut vraiment être bête pour s’y rendre sans le savoir, surtout quand ça fait tant d’années qu’on vit en Irlande ! Pour ma part, clairement, je ne retournerai pas visiter cette prison : elle m’a vraiment perturbée pendant quelques jours. Mais si vous êtes de ceux qui adorez les lieux hantés, alors je ne peux que vous la conseiller. Des visites y sont organisées de nuit (l’idée même me fait froid dans le dos, jamais je n’oserai entrer dans cette prison de nuit ! ) ainsi que des visites sur le thèmes des activités paranormales qui s’y déroulent (mon dieu !). Visites très prisées à la saison d’Halloween, les réservations sont obligatoires. Plus d’informations au sujet de ces visites effrayantes sur le site de la prison de Wicklow.
Je ne vais pas vous en dire plus sur l’aspect hanté de cette prison qui se trouve à environs 1h30 au sud de Dublin, parce qu’écrire cet article m’a coûté un peu quand même (je vous vois rire derrière votre écran !) et que vous trouverez tous les détails sur fantômes et histoires paranormales de cette prison hantée sur leur site. Mais le mieux, si c’est le genre de visites que vous aimez faire, ou si vous êtes simplement curieux, c’est de s’y rendre. 😉
Spooky ! Jack O’Lantern, légende irlandaise d’Halloween et Nuit d’Halloween à Lisdoonvarna, légende et conte irlandais écrits par mes soins et à retrouver dans deux de mes ouvrages 100% Irlande.
Une prison à visiter aussi pour son intérêt historique
Outre l’aspect « paranormal » sur lequel je me suis concentrée dans cet article, la prison de Wicklow town a un réel intérêt qui couvre tout un pan de l’histoire irlandaise plutôt méconnue. Le lieu est original et ressemble à une autre prison irlandaise, celle de Kilmainham à Dublin… en beaucoup plus glauque. Je trouve aussi qu’elle est plus intéressante pour le visiteur, avec des mises en scènes, des quiz, des décors d’époque. Sur quatre étages, on a accès aux cellules dans lequelles on peut entrer, il y a des reconstitutions, celle très bien faite d’un bateau de déportation par exemple, avec animations, son et lumière. On y apprend beaucoup sur l’Irlande de cette époque et le sort qui était réservé aux Irlandais détenus ici. Visite en autonomie possible (ce n’est pas le cas de sa consoeur dublinoise), de nombreux panneaux (en anglais) qui expliquent très bien comment on pouvait se retrouver dans cette prison en activité pendant 200 ans, qui y était enfermé également (tout catholique en réalité, femmes, enfants, vieillards, prêtres), la « vie » dans cet établissement, et comment on en sortait, pour ceux qui avaient la chance d’en sortir.
La prison de Wicklow town est assez méconnue des visiteurs étrangers. Si vous ne croyez pas aux fantômes, ou si ceux-ci ne vous dérangent pas, c’est une visite que je conseille fortement. Pour ma part, vous l’avez compris, si je suis contente d’y être allée une fois parce qu’elle est effectivement richement documentée et très intéressante, je n’y retournerai pas. 😉
Informations pratiques
Entrée payante. Audio guide en français disponible. Détails sur le site de Wicklow Gaol https://www.wicklowshistoricgaol.com/visitor-information/
La prison est ouverte à l’année et tous les jours.
Il y a un café à l’intérieur où l’on peut aller sans visiter la prison mais il faut tout de même entrer dans le bâtiment pour y accéder.
Wiclow town se situe dans le comté de Wicklow, à 50 km au sud de Dublin. Une heure de trajet en voiture depuis la capitale irlandaise donc.
Pour y aller en bus, Bus Eireann a une ligne dont le terminus est à l’extérieur de la prison.
La ligne de train Dublin – Rosslare s’arrête aussi à la gare de Wicklow town (1h de trajet en train depuis Dublin).
Je vous invite à me faire part ci-dessous de vos commentaires concernant cette visite de la prison hantée de Wicklow, l’un des lieux les plus hantés d’Irlande. Curieuse d’avoir vos réactions. 😉 Quant à moi, je suis contente d’être venue à bout de l’écriture laborieuse de cet article que je souhaitais tout de même partager ici. 😉 Aussi, nouveau compte Instagram suite piratage récent : suivez-moi sur @racontemoilirlande.officiel .
Waouh impressionnant ! Nous sommes passés devant par hasard en septembre, sans savoir non plus, et c’est vrai que rien ne l’indique ! Nous ne nous sommes pas arrêtés mais ça doit effectivement faire un drôle d’effet de découvrir cette info à la fin, après tout ces ressentis…
C’est ça. Cet article a aussi vocation à être d’utilité publique, donc ! Ha! Ha ! 😉
A l’évidence, tu es une personne très sensible et peut être as-tu des dispositions pour devenir une médium, une passante d’un passé dont, peut être, les souffrances, les violences, les cris ont imprégné les murs. Il ne faut jurer de rien, rien n’est impossible, et d’ailleurs il est bien connu qu’il est difficile de revendre une maison où s’est déroulé un drame épouvantable car l’éventuel acheteur, dès qu’il aura en pris connaissance, laissera son imagination envahir son cerveau. En tout cas, voilà un article qui m’a fait découvrir un lieu que j’aurais bien aimé visiter !
( avant propos inutile, tu as le droit d’écrire ce que tu veux)
Merci pour ton ouverture d’esprit. 🙂
Alors, ça y est tu as taquiné la 5ieme dimension 😉
Cela fera de bonnes histoires à raconter à tes petits enfants plus tard hihihi
Exactement ! 😉
super récit cà me donne envie d’y retourner et de pafrtager ces émotions , merci Aurèlie
Contente de voir que cet article donne tout de meme envie de visiter cette prison. 😉
Je tombe sur cet article après avoir visité la prison et m’y être sentie assez mal à l’aise, pourtant nous avions visité kilmainham il y a qq mois et malgré un passé très lourd aussi je ne m’étais pas sentie aussi oppressée. Bravo pour cet article
Merci Julie pour votre partage d’expérience. Kilmainham ne m’a jamais fait cet effet non plus.
Merci pour cet article, deja peu enclin a visiter ce genre d’endroit, j’ai toujours evite de visiter Kilmainham (apres avoir lu les episodes post 1916 rising) et meme les autres endroits en Irlande retracant les episodes de la famine. J’ignorais que de tels effets pouvaient etre reellement ressentis. Peut etre un mauvais souvenir d’un camp de concentration « visite » dans ma jeunesse. Tout ceci n’enleve rien a la qualite de l’article.
Merci Didier. Ce qu’on appelle le « dark tourism » n’est pas non plus ma tasse de thé, mais à nouveau, j’ai visité cette prison de manière tout à fait naïve sans en connaître la réputation qui la précédait. 😉